Le site Internet américain de vente de lunettes DecorMyEyes.com utilise une méthode peu orthodoxe pour améliorer son référencement sur Google. Son dirigeant, un opticien new-yorkais nommé Vitaly Borke, n'hésite pas à malmener violemment ses clients pour faire du buzz et doper ses ventes. E-mails agressifs, chantage, insultes, intrusions dans la vie privée, envois de photos provocantes... : il ne recule devant rien. Une porteuse ayant refusé de payer une monture dont elle doutait de l'authenticité a témoigné dans le New York Times : Vitaly Borke lui a envoyé des clichés de l'immeuble où elle vit, l'a menacé de violences physiques et l'a harcelé au téléphone plusieurs nuits.

Le site en tête des résultats Google

Les méthodes de DecorMyEyes.com sont largement relayées sur les sites d'avis de consommateurs : des dizaines de clients y font état d'achats qui tournent mal, de courriers et d'appels grossiers truffés d'invectives. Cette tyrannie dure parfois des mois, voire des années. Car ces avis sont largement recherchés par Vitaly Borke, qui en a fait une stratégie de développement : "plus vous publiez d'avis, plus de ventes je fais. Mon but est la publicité négative" affiche-t-il sur les sites d'opinions. Grâce à ce procédé, son site de vente se place en haut des résultats de recherches sur Google.
"Peu importe si les commentaires sont négatifs, ils contribuent à mon retour sur investissement" explique l'opticien, estimant que beaucoup de clients ne se renseignent pas avant d'acheter. Auparavant, l'opticien rémunérait une entreprise pour publier des avis positifs sur son site. "Au bout d'un moment, j'ai arrêté de prendre des gants avec les clients. Je me suis aperçu que cela ne me coûtait rien et fonctionnait finalement beaucoup mieux" se réjouit-il, en assurant que, de toute façon, "tous les clients qu'il insulte le méritent".

Le New York Times précise que la seule limite à cette méthode sont celles imposées par les organismes de paiement Visa et MasterCard : si trop de clients contestent les règlements dans un même mois, un vendeur en ligne peut être exclu de ces réseaux. Vitaly Borker suit ainsi avec précision le nombre de litiges et fait en sorte qu'il ne dépasse pas le seuil acceptable. Et si cela arrive : "j'utilise alors le nom d'un ami" rétorque-t-il sans scrupule.